Peep Show Théâtre
Le tapis rouge est un peu défraîchi. Il conduit à la porte arrière d’une camionnette sortie tout droit des années 60. A l’intérieur deux fauteuils rouges attendent les spectateurs du peep-show théâtre. Face à eux, une paroi de tulle rendue opaque par l’éclairage masque la moitié de l’espace confiné. La lumière s’éteint, une actrice assise à même le sol déclame le célébrissime monologue de Hamlet éclairée par une ampoule nue qui oscille. Peu à peu, on distingue les détails. Le décor se limite à quelques tapis hors d’âge, un bocal à poisson rouge et le crâne incontournable. L’actrice poursuit sa tirade, son emphase excessive est rendue encore plus incongrue par l’exiguïté de l’endroit. Soudain elle s’interrompt et chuchote aux spectateurs : “il faut que je vous parle” Aussitôt elle reprend sa tirade. Petit à petit elle explique par bribes entre deux répliques qu’elle est détenue dans ce camion par d’obscurs tortionnaires qui l’obligent à jouer en boucle le texte de Shakespeare. Brutalement c’est le trou, elle panique et explique qu’“ils” l’ont menacé de représailles sur sa famille en pareil cas. Le texte de Hamlet fait place peu à peu à la détresse de l’actrice séquestrée. Elle supplie qu’on prévienne l’extérieur, assure que çà ne fait pas partie du spectacle, elle ne déclame plus son texte, se fait suppliante. Le sourire s’efface tant l’intensité dramatique est forte. “S’il vous plait je m’appelle Emilie Viest, faites le savoir avant qu’il soit trop tard révélez ce qui se passe dans cet endroit sordide” termine-t-elle dans un cri. A quelques centimètres des spectateurs, le choc est violent. La lumière s’éteint, tout à duré à peine 10 minutes, on à peine à applaudir. La spectatrice inconnue qui m’accompagnait dans cette expérience est bouleversée. Une assistante ouvre la port du camion, à l’extérieur la chaleur écrase le festival “Scènes de rues”. Deux autres spectateurs prennent place dans le camion. L’actrice reprend “Etre ou ne pas Etre…”