O temps, emporte les gens
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D'abord il y a l'ambiance, celle du sud des Etats-Unis au début des années 50. Le souvenir de la guerre de sécession n'est pas définitivement éteint. Dans une petite ville de Floride, le narrateur est issu des beaux quartiers des Plantations et enseigne aux jeunes des Ponts, là cité populaire où les jeunes bourgeois viennent s'encanailler au bordel. Quand la tenancière meurt, "son corps était encore chaud que la police débarquait déjà pour faire un grand ménage" Ensuite il y a l'histoire. A l'inverse du classique "whodunit", la tension instillée insidieusement tout au long du livre vient de l'ignorance du lecteur de la nature du crime. Dès la cinquième page on découvre les minutes d'un procès mais il faut attendre les deux derniers chapitres, époustouflants pour découvrir à la fois la victime et le coupable. Enfin il y a le jeu avec le temps, le récit va et vient en permanence entre différentes époques, parfois même à l'intérieur d'un paragraphe. L'auteur prend un malin plaisir à bousculer les repères temporels. Loin d'être chaotique ou de brouiller la lecture, ce jeu permanent la rend passionnante. Les leçons du mal est un livre étrange et fascinant qu'on lit avec la sensation rare de d'explorer un ouvrage à part dans l'univers souvent uniforme du polar. On aimerait le relire une seconde fois pour remettre à leur place toutes les pièces du puzzle.

Merci à Babelio et à l'éditeur pour ma sélection au jury du polar

Titre : O temps, emporte les gens