Un roman pédagogique à tiroirs
Au départ, une intrigue linéaire : Julius, psychothérapeute, apprend qu’il va mourir. Il renoue contact avec Philip, un ancien patient qui fut son échec le plus grave. Heureux hasard, ce dernier veut à son tour devenir psychothérapeute et demande à Julius de devenir son tuteur. A cet effet, il va intégrer le groupe de psychothérapie animé par Julius, dont on suit les séances et les participants pendant un an. Le ton est démonstratif à l’extrême et les ficelles souvent très apparentes. La vision donnée de la thérapie de groupe est laudative à l’excès. Même si on se castagne pas mal entre patients, l’entraide est de rigueur et les progrès saisissants. Les personnages sont décrits de façon clinique, la lumière du scialytique laisse peu de place aux nuances. Les tiroirs sont constitués par des fragments de la biographie et de la pensée d’Arthur Schopenhauer, philosophe allemand précurseur de Freud, qui s’intercalent entre les chapitres. A la condition de s’intéresser à l’univers de la philosophie, de se laisser prendre par la main par l’auteur et d’encaisser les brutales ruptures de rythme imposées par l’alternance narration-histoire, ce livre se lit avec un certain plaisir. L’intérêt est maintenu par les différents niveaux de tension : survie du thérapeute cancéreux, progression des patients de la thérapie, évolution de Philip, clone moderne de Schopenhauer, misanthrope misogyne. Il n’y aura (presque) pas de happy end et au final le lecteur aura étoffé quelque peu sa culture philosophique.
Titre : Un roman pédagogique à tiroirs